Kalachakra Info

Novembre/décembre 2024
 

Paroles de Maîtres, Khandro-la

Les Quatre Nobles Vérités sont la base de l'enseignement pour tous les bouddhistes

Ce texte est issu de la conférence en ligne animée par Khandro Tseringma Rinpoché auprès d'étudiants bouddhistes du Sri Lanka, le 29 septembre 2024 (traduction et arrangements par Franck).


Question : "Au sein du bouddhisme theravada, certains soutiennent que le mahayana est mélangé avec de l’hindouisme, qu’il ne s’agit pas du pur enseignement du Bouddha. Pouvez-vous nous donner des éclaircissements ?"


Résumé des réponses de Khandro-La : 

  • Ce qui distingue un bouddhiste d’un non-bouddhiste réside dans sa compréhension de la notion d’origine interdépendante (ou coproduction conditionnée). Ainsi, un bouddhiste croit dans la vue que tous les phénomènes (intérieurs ou extérieurs) n’ont pas d’existence intrinsèque, mais qu’ils existent de manière relative, en interdépendance les uns avec les autres. Parmi toutes les religions du monde, la plupart n’acceptent pas la vue de l’origine interdépendante.

  • Si vous croyez en la libération du samsara et si votre seul but est votre libération individuelle, alors il y a de votre part une compréhension imparfaite.

  • Le mahayana, “Grand Véhicule”, implique de supporter de lourds fardeaux ainsi qu’une grande responsabilité, et de cultiver une immense sagesse en plus d’un esprit ouvert et excellent.

  • Il y a une chose à observer attentivement. Ce sont les pratiques conjointes de la sagesse et des six perfections (générosité, discipline éthique, effort joyeux, patience, concentration et sagesse) qui seront les causes de la bouddhéité, l’état d’omniscience. Sans le soutien de la sagesse suprême qui réalise la nature de vacuité de tous les phénomènes, les six perfections ne mèneront qu’à des causes supplémentaires de bienfaits mondains, et donc limités dans le samsara.

  • En étudiant les résultats de la pratique, notamment ceux issus des pratiques tantriques, on distingue des différences significatives entre la tradition des soutras et celle des tantras. Que veut-on dire lorsqu’on parle de “résultats parfaits” ? Cette notion fait référence à la transformation des aspects impurs du samsara en aspects purs, ou à la transformation des 3 Portes (corps, parole, esprit) impures en 3 Portes pures.

  • Si on pose la question de savoir si le tantra a un lien avec l’hindouisme dans la mesure où il est originaire d’Inde, la réponse est qu’en effet, il y a des liens. Toutefois, il est nécessaire d’examiner tous les détails. Certes, il existe quelques similarités parmi les différentes religions. Par exemple, en ce qui concerne l’hindouisme et le bouddhisme, les méthodes de méditation sur les déités sont similaires. La puja du feu est aussi comparable, ainsi que les expressions et les apparences variées des déités. Toutefois, la distinction réside dans la compréhension que la méditation bouddhique sur les déités ne peut être pratiquée que sur la base de leur apparence comme conjonction de la vacuité et de la compassion. Garder ceci à l’esprit est essentiel pour nous les bouddhistes tout particulièrement de nos jours, les jeunes étant exposés à de nombreuses perspectives différentes de pratique. Or, si de la disharmonie se manifeste dans nos pratiques, cela nous créera des obstacles. Il est donc indispensable de connaitre les différences significatives entre le dharma du Bouddha et les autres dharmas. Même si certains affirment qu’ils sont similaires, en réalité ils sont fondamentalement différents !

  • Nous sommes tous bouddhistes, et la question n’est pas de savoir quelle est la meilleure voie entre la mahayana et le hinayana. Ceux qui se considèrent comme pratiquants du mahayana et regardent de haut les pratiquants du hinayana font une profonde erreur. C’est d’autant plus erroné que les Quatre Nobles Vérités sont notre fondation à tous. Si vous négligez ou rejetez la base de l’enseignement, ce que vous faites est affreux. Par ailleurs, en matière de pratique, il nous faut progresser, partir de notre base et cheminer pas à pas. Croire que l’on peut sauter les enseignements fondamentaux des Quatre Nobles Vérités et passer directement au mahayana n’est qu’un vœu pieux. Quant à ceux qui considèrent les Quatre Nobles Vérités comme leur pratique principale, je les prie de ne pas s’opposer aux enseignements du mahayana, comme la bodhicitta.

Le billet de la directrice

"La loi du karma nous permet de modeler le monde que nous souhaitons"

Chers amis du dharma, 


Avec une grande joie, nous pouvons observer que le centre Kalachakra s'est développé en 2024. En vertu de la loi de production interdépendante et grâce aux mérites accumulés par notre équipe, par nos participants, par Guéshé-la ainsi que par tous nos enseignants, nous avons pu observer une augmentation du nombre d'étudiants dans nos programmes d'étude (désormais au nombre de 3, en comptant Explorer le bouddhisme) ou lors de nos divers rendez-vous, dont nos séances de méditation. Par ailleurs, nos projets de développement du centre de retraite sont en bonne voie. Tout ceci est permis en adhérant à la loi du cause à effet : en créant les graines de ce qui est utile à tous, les fruits murissent en bienfaits pour tous. La loi du karma nous permet donc de modeler le monde que nous souhaitons.

À nous de créer encore plus de mérites et ainsi contribuer au développement harmonieux de notre centre !


Élisabeth

 Le Soutra du Cœur recopié tout au long de l'existence de la fpmt 

"La puissance de ce texte est telle que le recopier génère d'immenses mérites"

Découvrez un magnifique projet de la FPMT, initié par Lama Zopa Rinpoché et relaté dans les actualités de la Fondation le 24 septembre 2024 (traduction par Franck).


"Au cœur du monastère de Kopan, niché dans les magnifiques vallées népalaises, une tâche tranquille mais toutefois monumentale s’exécute chaque jour. Le projet confié à Vén. Lobsang Tsering incarne l’essence de la dévotion au maitre et de l’effort joyeux : au moyen d’une calligraphie délicate et appliquée, recopier le Soutra du Cœur sur un précieux papier d’archives et en lettres d’or. Destiné à la paix dans le monde, ce projet est d’une grande importance pour l’ensemble de la FPMT, et doit perdurer tout au long de l’existence de la Fondation.

Cette aventure du Vén. Lobsang Tsering a démarré il y a plus de vingt ans, lorsque Lama Zopa Rinpoché, qui avait remarqué sa dévotion et son potentiel, lui avait confié cette importante tâche. Avec tout son cœur depuis lors, Vén. Tsering s’est consacré à cette pratique avec une concentration soutenue ainsi qu’avec patience, sagesse et compassion. À l’heure actuelle, il travaille sur le cinquième volume d’un ensemble de douze, ce qui témoigne de l’ampleur de la tâche.

Vén. Tséring a partagé l’histoire de sa vie ainsi que son profond sens du devoir vis-à-vis de sa mission. Son humilité et son dévouement transparaissent à mesure qu’il relate ce moment où Rinpoché lui confiait personnellement ce travail. Ses mots montrent une profonde vision de l’importance du Soutra du Cœur et la transformation personnelle qu’il a expérimentée au fil des années. Son témoignage évoque aussi ce qui est à l’œuvre dans le cœur et dans l’esprit d’un pratiquant dont la vie toute entière est consacrée au dharma du Bouddha.

Dans le Soutra de la Prajnaparamita sont rassemblés les enseignements les plus élevés du Bouddha. C’est un des plus précieux textes spirituels disponibles aujourd’hui dans le monde. La puissance de ce texte est telle que le fait de le recopier est une manière de générer d’immenses mérites, de dissoudre les obstacles et de favoriser la paix dans le monde.

Même si la contribution de Vén. Tsering est sans comparaison en termes de durée et d’intensité, cette activité vertueuse n’est pas réalisée en solo. Jane Seidlitz recopie elle aussi en lettres d’or le Soutra du Cœur depuis les États-Unis. Même si sa précieuse implication n’est pas aussi intense ou ne remonte pas aussi loin dans le temps que celle du Vén. Tsering, elle est appréciée de manière équivalente. Ensemble, leurs efforts symbolisent un immense engagement pour préserver les enseignements du Bouddha. "


Découvrez en anglais plus d’infos sur ce projet .

Big Love - Morceaux choisis  #36


L'établissement d'un nouveau centre en Angleterre

Chaque mois, nous vous proposons un extrait en français de "Big Love", la fameuse biographie de Lama Yéshé (Traduction par Michelle).

L'extrait suivant évoque Lama Yéshé reconnaissant le grand potentiel d'un ancien moine et guéshé redevenu laïque et l'amenant à reconduire ses fonctions de précieux enseignant du dharma.


  

L'établissement d'un nouveau centre en Angleterre - p447. "Peter Kedge et Harvey Horrocks y travaillaient dur. Et Peter avait déjà proposé un nom à Lama qui avait donné son accord : Manjushri Institute for Wisdom Culture.

C’est au cours de ce premier voyage en Angleterre que Peter parla pour la première fois à Lama au téléphone. « C’était étrange, je me rappelle avoir pensé que je devais me prosterner en sa présence ! » dit Peter. La révolution technologique qui démarrait en Occident n'était pas encore arrivée du côté du Népal. Ni Kopan ni le centre de retraite de Tushita n’avaient le téléphone, alors toute communication urgente se faisait soit en personne soit par télégramme. Dans les premiers temps de Kopan, il n’y avait même pas d’électricité ni d’enregistreurs à bobine, ni d’eau courante. C’était une époque où les coups de fil internationaux depuis le central téléphonique de Katmandou étaient quasi impossibles. »

Peter continue à dérouler ses souvenirs : « En 1974, je me souviens avoir passé deux jours entiers à Kathmandou à essayer d’obtenir un numéro en Angleterre. A Delhi, c’était plus facile. Par une nuit claire sans vent, on pouvait téléphoner en Angleterre depuis le central téléphonique de Parliament Street, sans trop de difficultés. C’était un monde totalement différent. Trente années plus tard, on peut télécharger sur internet des enseignements et commentaires sur le lamrim, instantanément en plusieurs langues. Rien à voir avec les quelques précieuses publications de la Tibetan Library qui étaient disponibles alors. A l’époque, nous étudiions la parfaite renaissance humaine. De nos jours, il nous faut une parfaite e-naissance humaine. »

Durant ce séjour, les lamas invitèrent à déjeuner… un vieil ami de Buxa. Guéshé Tsultrim Gyèltsèn n’était plus moine, il s’était marié et travaillait comme infirmier dans un hôpital psychiatrique. Presque personne n’était au courant que cet homme tranquille aux cheveux longs était un guéshé lharampa. Durant leurs examens de guéshés, Guéshé Gyèltsèn et Guéshé Sopa avaient été tous deux parmi les meilleurs de leurs classes respectives cette année-là.

Guéshé Gyèltsèn cuisina une énorme quantité de momos (spécialité tibétaine) pour Lama Yéshé et Rinpoché. Au cours du déjeuner, Lama lui demanda de réfléchir à la possibilité d’enseigner au premier groupe d’étudiants dans les premières étapes de la création de Manjushri Institute.

« Après cette rencontre avec Guéshé Gyèltsèn, Lama était incroyablement ému, le cœur plein de compassion pour lui, dit Peter Kedge. Du point de vue de Lama, la vie de Guéshé-la était extrêmement difficile et Lama voulait lui offrir l’occasion d’utiliser son énorme potentiel. Pour aider Guéshé-la à effectuer cette transition pour redevenir enseignant, Lama sortit faire les magasins à Londres et acheta un brocart couleur or. Il me demanda d’en faire faire une tunique longue, une robe en somme, pour Guéshé Gyèltsèn. Je devrais la lui offrir de la part de Lama et lui demander de la porter chaque fois qu’il enseignerait. Guéshé Gyèltsèn accepta le cadeau et porta la robe.

Guéshé Gyèltsèn quitta plus tard l’Angleterre pour Los Angeles où il finit par enseigner le premier cours officiel de méditation organisé par les étudiants de Vajrapani Institute for Wisdom Culture.» "

   Décembre au centre Kalachakra


Retrouvez ci-dessous le tableau des activités du mois de décembre,
puis les suggestions d'Arnaud concernant les évènements marquants.   

 

Au programme en décembre 2024 au centre :

Et pour finir l'année en beauté, nos deux rendez-vous annuels :

Rencontre avec  Anne


"Je suis heureuse d'avoir l'opportunité de rendre ce que j'ai reçu"
Étudiante du centre, Anne va coordonner le programme mensuel du mardi soir avec Guéshé Dakpa, "La Voie de la lumière". Propos recueillis par Arnaud.
 

Comment t’es-tu retrouvée impliquée au centre ?


J’ai un peu erré dans différents domaines de la religion : chez les soufis, chez les juifs dont je suis issue par ma mère, chez les catholiques dont je suis issue par mon père, chez les hindous à travers le yoga que j’enseigne…


Pendant quelque temps, je me suis intéressée au yoga du son. Je suis musicienne et cette dimension est importante pour moi. Quand j’étais enfant j’écoutais en boucle les chants de la messe en si de Jean-Sébastien Bach. Et par ailleurs, je récite des mantras quotidiennement dans ma pratique.


Mais à l’époque, ce n’était pas ça que je voulais. Je voulais m’asseoir en silence, guidée ou pas.  


C’est là que je me suis tournée vers le bouddhisme. J’ai été orientée par une amie vers le monastère de Nalanda, mais c’est à Toulouse et je suis parisienne. Je me suis donc tournée vers l’antenne parisienne et c’est comme ça que je suis arrivée au centre Kalachakra. C’était il y a une vingtaine d’années. Pendant un an, j’ai participé à la méditation du mercredi chaque semaine. J’appréciais d’être guidée par différentes personnes mais j’ai particulièrement accroché avec Jean-Jacques Maillard.


C’est par son intermédiaire que j’ai suivi une introduction à la méditation vipassana et que je me suis inscrite à “Découverte du Bouddhisme”. 


Un jour, alors que j’étais venue au centre pour suivre des enseignements avec Guéshé Jampel, on m’a dit que c’était une soirée pendant laquelle il était possible de prendre des vœux. Je n’étais pas au courant. Je ne me sentais pas prête. Je n’avais pas de kata ni d’enveloppe comme toutes les personnes qui étaient là mais les participants avec qui j’étais m’ont poussée. Au fond de moi, je voulais garder une forme de liberté et j’avais l’impression de la perdre. C’est aussi pour ça que je ne me suis pas impliquée plus à l’époque. 


Depuis, les choses ont fait leur chemin et j’ai repris les vœux avec Guéshé Dakpa. Je suis ravie qu’on me demande de m’impliquer pour organiser le programme du mardi avec Guéshé Dakpa.


Dis-nous en un peu plus sur ce que tu vas faire le mardi ?


Il s'agit d’un enseignement que Guéshé Dakpa, notre guéshé résident donne une fois par mois [Guéshé Dakpa enseigne en ce moment sur “La lettre à un ami” de Nagarjuna et il enseignera à partir de janvier sur un  lamrim du IIIème Dalaï-Lama que Sa Sainteté a commenté sous le titre de “La voie de la lumière”]. Il s’agit avant tout d’accueillir Guéshé-la et les participants, de préparer la salle, d’installer le matériel… Et puis de faire le lien d’une session sur l’autre.


Et comme participante, tu es impliquée dans quoi ?


J’ai toujours l’impression de faire moins que ce que je voudrais. C’est important pour moi de venir régulièrement au centre. J’étais là par exemple pour les enseignements avec Vénérable Robina. 


Je vais aussi de temps en temps au centre de retraite à Saint Cosme. La dernière fois c’était pour les enseignements de Guéshé Damdul. Je fais d’ailleurs quotidiennement la pratique qu’il m'avait proposée.


Par ailleurs, je suis très intéressée par le programme interreligieux et les propositions des différentes religions. Je participe quand il y a des événements au centre et je lis beaucoup. Un temps très fort pour moi a été le voyage à Auschwitz avec François. C’est un voyage qui m’a beaucoup marquée.


Un mot de la fin ?


Je suis heureuse d’avoir cette opportunité de rendre ce que j’ai reçu le mardi soir, d’amener une qualité de présence, de soutien à notre centre parisien. J’ai partagé des enseignements avec pas mal de personnes qui sont engagées dans le centre. Je suis heureuse de pouvoir m'impliquer moi aussi.

Séquence rétro : dans les archives du centre Kalachakra


Chaque mois, nous ressortons du grenier une ou plusieurs photos qui nous rappellent de beaux moments.

  Le 27 octobre dernier, Vén. Robina nous faisait l'honneur de revenir au centre Kalachakra pour nous enseigner comment nous comporter "quand le chocolat vient à manquer". Les nombreux participants sur place et en ligne ont été manifestement enchantés d'écouter cette grande enseignante parler de la notion d'attachement.

La lettre de la fpmt